1. Un petit ouvrage qui donne à penser Dans cette contribution, je me propose essentiellement d’envisager d’une façon critique un petit ouvrage de Rosenzweig. L’ouvrage en question a été rédigé en 1917, donc, pendant la phase conclusive de la Première Guerre mondiale, lorsque son auteur faisait son service militaire sur le front des Balkans. Il s’intitule « Globus. Studien zur weltgeschichtlichen Raumlehre », c’est-à-dire « Le globe. Études sur la doctrine historico-universelle de l’espace »....

La contribution s’articule en trois sections. Dans la première on esquisse une reconstruction panoramique du profil global de la « pensée nouvelle » rosenzweigienne. Cette dernière s’avère être marquée par l’intrigue indénouable de deux éléments constitutifs, c’est‑à-dire, l’élément spéculatif et l’élément événementiel. Dans la deuxième section on montre comme Rosenzweig pense cette intrigue selon le chiffre emblématique de la compréhension biblique du miracle, qui articule ce dernier dans les deux moments synergiques de la prophétie et de l’ accomplissement. La « (...) pensée nouvelle » se déploie en effet en une sorte de prophétie purement spéculative, qui trouve toutefois son accomplissement dans l’ événement d’une révélation, qui tranche décidément sur la spéculation, tout en y trouvant son incontournable ancrage rationnel. Dans la troisième section on montre que cet événement de révélation connaît sa figure primordiale, selon le penseur, dans la langue parlée quotidiennement par les hommes, comprise comme le cadeau matinal que le Créateur fait à ses créatures. (shrink)